était franchement marron ! et sale, très sale ! Tellement que je n’y ai même pas trempé l’extrémité d’un orteil. Dans le port de Sète, le regard pouvait juste deviner les pauvres poissons venus chercher de l’oxygène à la surface.
1116 km d’aventure puis retour au bercail Jurassien cette après midi après une très courte nuit dans un hôtel Sétois miteux aux murs de papier et à la chambre voisine occupée par un couple complètement bourré, excité et pas très discret.
Mardi, à l’extrémité du Larzac, j’ai rencontré Stef, jeans trop grand / tee shirt et pull-over, sur son vélo, équipement ultra minime placé dans un petit sac à dos et large sourire lui fendant la tête en deux : « je quitte Montpellier pour me diriger vers le nord, je compte travailler de ferme en ferme, et voyager un peu. Dis-moi Christophe, tu sais par ou ça se trouve St Étienne d’Albagnan ? » . « J’ai pas de duvet MAIS, j’ai mieux : j’ai une parka bolivienne ! et puis, j’ai aussi une boussole »…profite bien l’ami.
J’ai aussi rencontré monsieur X, au bord du col du vent, la soixantaine bien entamée, sur son vélo de course en carbone qui se glissait un journal sous la veste : « c’est la meilleure méthode… ! ». « Tu vas vers Sète ? Ok, tu dois d’abord passer par Fos sur machin et ensuite tu tournes à droite direction …. et tout droit jusqu’au croisement. ensuite tu bifurques vers … et .. tu me suis ???. non, bon, pas grave, tu vas tout droit et tu verras bien, salut mon grand ! »
L’émotion a été forte en voyant la méditerranée de loin et la déception grande en la voyant de prés.. La déconvenue a cependant été de courte durée en voyant la flopée d’échoppes achalandées en bières de toutes sortes à portée de main (sympa la bibine Japonaise).
Installé confortablement dans la galerie de Lyon Part Dieu cette après midi, j’ai pu observer mes congénères aller et venir l’air pressé, les bras chargés de sacs plastiques et de boîtes de toutes les couleurs et l’air à moitié satisfait ; portable à l’oreille pour la plupart. J’étais juste un peu déconnecté et à cent mille lieues de tout ça. J’aime cette petite phrase entendue dans un reportage diffusé sur ARTE raconté par un gars qui traversait le lac Baïkal :
« Le silence, le froid et la solitude sont trois produits de luxe que le monde bruyant, réchauffé et surpeuplé convoitera demain, d’avantage que l’or et l’argent »…
Mon matériel a été fortement sollicité et même s’il a commencé à déconner après le 1001e km (véridique !), (dérailleur explosé, roulements qui grincent, plaquettes de frein usées et câbles en fin de vie..), il a répondu à mes attentes pour ce périple de plus de 1100 km, de chez moi à chez moi en passant par le massif central avec pour fil conducteur la GTMC qui emprunte quasi exclusivement des chemins.
J’ai rencontré beaucoup de monde au cours de ces 3 trop petites semaines : des aventuriers, des sportifs, des digestifs, des contemplatifs, des admiratifs, des illuminés, des cools, d’autres qui considèrent que la vie est avant tout un problème à résoudre, ou encore des hommes débordés et parfois hautains. J’ai discuté avec des individus de tout age, un peu dégoûtés du présent, largement inquiets pour l’avenir et souvent bouffés par le quotidien.
J’ai reçu beaucoup de messages personnels et je vous remercie sincèrement pour la chaleur dégagée.
Je vous encourage sincèrement à prendre la tangente.
Amicalement, Christophe